Une piscine intérieure n’est pas une simple pièce d’eau : c’est un microclimat. Chaque mètre carré de surface libre évapore en continu, et cette vapeur d’eau se charge en sous-produits chlorés qui agressent les matériaux et l’air respiré. Le poste qui conditionne tout le confort, la durabilité et les coûts d’exploitation, c’est la déshumidification.

Au sommaire de ce guide :
Maîtrisez l’hygrométrie pour préserver votre piscine
Dans un local piscine bien conçu, l’humidité relative (HR) se stabilise généralement entre 50 et 60 % pour un bon compromis confort/énergie, avec une température d’air maintenue environ +2 °C par rapport à l’eau.
En dessous de ~50 % HR, l’évaporation explose et la facture grimpe ; au-delà de ~65 % HR, la condensation et les odeurs s’installent. Ces ordres de grandeur sont repris par les principaux industriels et guides de conception de natatoriums.
Choisissez une stratégie de traitement d’air cohérente
Dans une piscine, l’air doit être traité, déshumidifié, réchauffé, diffusé sans zones mortes, puis partiellement renouvelé. Les solutions vont du déshumidificateur à condensation mural ou encastré (recyclage d’air, appoint de chauffage possible) aux centrales de traitement d’air dédiées avec récupération d’énergie et modulation d’air neuf. Certaines configurations hybrides combinent ventilation renforcée et récupération de chaleur entre air extrait et air soufflé pour contenir les coûts.
Le système idéal dépend de la surface d’eau, de l’activité (nage sportive vs. détente), de la température visée, du vitrage (baies toute hauteur ?), du volume et… de votre tolérance acoustique. Un dispositif bien dimensionné intègre un contrôle hygrométrique fin, une batterie de chauffage (eau chaude ou électrique) et, si possible, une récupération de chaleur des condensats/retours d’air.
Dominez la condensation et la corrosion
La vapeur se condense d’abord sur les surfaces froides : vitrages, ponts thermiques, huisseries métalliques. L’objectif est double : monter la température de surface (isolation, rupteurs, vitrages performants) et balayer ces parois par de l’air soufflé tiède et sec.

En parallèle, un léger tirage (pression) de la pièce vis-à-vis des pièces adjacentes évite les fuites d’air humide vers l’habitat. Les guides nord-américains visent typiquement 4 à 6 renouvellements d’air par heure (hors débits d’air neuf) dans le volume bassin, davantage en tribunes, et une légère dépression de 0,05 à 0,15 inWG.
Au-delà des traces d’eau visibles, la menace silencieuse, ce sont les chloramines : elles irritent et accélèrent la corrosion. Une bonne répartition d’air limite leur accumulation au ras de l’eau et des plages, tandis qu’un apport d’air neuf correctement séquencé réduit leur concentration.
Dimensionnez sans sous-estimer l’évaporation
Le débit d’extraction d’eau (kg/h) qu’un appareil doit retirer dépend d’un cocktail de paramètres : surface du plan d’eau, activité (nage sportive, toboggans, spa bouillonnant), températures air/eau, HR visée, présence d’une couverture hors baignade.
À défaut d’un calcul détaillé (formules d’évaporation type ASHRAE), les fabricants fournissent des abaques par plage d’usage et une HR cible de 55–60 %.
Ne sous-dimensionnez pas : un appareil qui tourne à fond sans atteindre la consigne use sa pompe à chaleur, bruite, et finit par coûter plus cher.
Orientez la diffusion d’air là où ça compte
Une piscine se « dessine » au soufflage : on vise le rideau d’air le long des vitrages et façades froides, une couverture homogène de la zone respirable des baigneurs (1–2 m du sol) et on évite les tourbillons qui rabattent les chloramines sur les usagers.
Les retours d’air doivent compléter ce schéma, pas le contrarier. Ne négligez pas la mise au point : équilibrage des réseaux, vitesses maîtrisées, test & balance. :
Optimisez le couple température et hygrométrie
Règle simple : maintenez l’air environ 2 °C au-dessus de l’eau. Cette petite marge diminue l’évaporation et stabilise l’HR, tout en évitant la sensation de froid en sortie de bain. Côté confort, nombre de piscines privées se calent sur ~28 °C d’air et d’eau et ~60 % HR, quand des bassins sportifs descendent parfois l’HR… au prix d’une consommation plus élevée.
Gagnez en sobriété grâce à la récupération d’énergie
Les unités modernes intègrent des échangeurs (air/air, réfrigérants) et des logiques de free-cooling par l’air neuf lorsque l’extérieur est froid et sec : on sèche gratuitement en hiver, puis on passe en déshumidification active lorsque l’air extérieur ne suffit plus. Les versions hybrides séquencent astucieusement l’air neuf, la recirculation et la récupération pour réduire la facture sans sacrifier l’HR cible.
Assurez un air neuf maîtrisé
L’air neuf n’est pas là que pour « aérer » : il chasse les contaminants (dont les trichloramines) et aide à prévenir la condensation. Adaptez-le à l’occupation (plage horaire, usage familial vs. réception) et protégez la maison en gardant le local piscine légèrement en dépression.
La diffusion doit amener l’air neuf au plus près de la zone respirable, pas au plafond uniquement.
Programmez une exploitation sans mauvaises surprises
Une piscine domestique vit au rythme des saisons et des usages. En semaine, la couverture automatique réduit l’évaporation ; le week-end, l’appareil doit encaisser les pics. Paramétrez des consignes intelligentes : HR cible en présence, HR réduite hors baignade, vitesse de ventilation adaptée, montée en puissance anticipée avant la baignade.
Un plan d’entretien clair fait la différence : nettoyage/changement des filtres, inspection des bacs à condensats, vérification des pressions/frigos, recalage saisonnier des débits d’air neuf, contrôle des vitesses d’air en façade vitrée. Les industriels documentent ces routines et rappellent que l’appareil dégage aussi des calories en déshumidifiant : autant les valoriser pour chauffer l’air, voire l’eau par options.
Évitez les erreurs de conception classiques
Trois pièges reviennent souvent : 1/ Sous-dimensionnement de la capacité d’extraction d’eau ; 2/ Diffusion mal pensée (pas de balayage des vitrages, zones mortes) ; 3/ Absence de dépression de la pièce, qui laisse migrer l’humidité vers la maison. Une bonne coordination architecte–CVC–pisciniste et une mise en service rigoureuse limitent ces risques.
Appliquez des astuces qui font la différence
- Couvrez le bassin hors baignade : baisse d’évaporation spectaculaire, appareil plus silencieux, facture adoucie.
- Dirigez les bouches sous vitrages et baies : l’anti-buée le plus efficace.
- Préférez des finitions résistantes : visseries inox, peintures époxy, isolants fermés.
- Installez un hygro-thermostat fiable et bien placé ; bannissez les sondes en courant d’air.
- Prévoyez un point bas/égout sur la ligne de condensats… et gardez le siphon propre.
- En rénovation, gardez une marge de puissance : l’activité évolue souvent plus vite que les murs !
